La vie californienne de Grégory Wathelet

Publié par Julien Counet le 19/01/2023

Hop, on embarque direction les “States” à gauche toute, ça y est, vous êtes en Californie. Dans le triangle formé par San Diego, L.A. (oui on dit comme ça, mais  Los Angeles ça marche aussi) et Las Vegas, plantée au milieu du désert, il y a Thermal. C’est là que Grégory Wathelet a décidé de poser ses valises pour les deux premières semaines de sa tournée hivernale. Un quart de siècle qu’il écume les concours un peu partout dans le monde, à 42 ans, le cavalier de Clavier à tout vu ou presque en matière de saut d’obstacle et a envie d’autre chose. “Mid-life crisis”? Plutôt juste une envie de changement à un âge auquel on sait ce que l’ont veut, mais aussi ce que l’on ne veut plus. A l’âge de la maturité, le bronzé en équipe à Tokyo veut aussi, quand c’est possible, donner une plus grande place à sa vie de famille.

 “Je voulais quelque chose de différent de ce que je fais depuis 25 ans. Sortir du circuit dans lequel j’évolue toute l’année. Toujours les mêmes endroits, toujours les mêmes têtes. Je voulais faire mon sport, mais combiné avec des vacances et des moments avec ma compagne et mon fils. J’ai découvert les Etats-Unis il y a longtemps maintenant. Je suis allé à New York, en Floride à Las Vegas, en Californie pour le plaisir, mais aussi pour des concours à New York ou encore des tournées comme à Wellington. J’avoue j’ai un gros faible pour la Californie. C’est pour ça que j’ai planifié la tournée ici cet hiver.” nous explique Grégory Wathelet.

Son dévolu s’est logiquement jeté sur Thermal et le Desert International Horse Park un concours qui colle parfaitement à ses objectifs.

 “Je ne voulais pas d’une tournée comme Wellington, où l’on est obligé d’aller avec tous ses meilleurs chevaux pour espérer faire un résultat dans ces épreuves très exigeantes. Mais bon, le but c’est de faire aussi des résultats, sinon je partais juste en vacances (rires). J’ai donc sélectionné quatre chevaux compétitifs (Argentina de la Marchette, Berline du Maillet Z, Clarity et Ace of Hearts) pour faire le voyage. J’avais rencontré les organisateurs de Thermal il y a quelques temps et l’idée avait trotté dans ma tête. Honnêtement du point de vue des infrastructures la place n’a rien à envier à Wellington. Vous avez tout ici, les pistes, les écuries. Tout est fantastique. Tout a été développé et pensé pour que ce soit un concours parfait. L’idée à peine cachée est de faire revenir dans les prochaines années les cavaliers qui s’étaient tournés vers Wellington faute de beaux et bons concours en Californie. Sans aucun doute , les organisateurs vont y arriver, tout est super ici aussi.” Nous confie un Grégory Wathelet heureux de son choix.

Mais il y a un revers à la médaille d’une telle tournée…son coût.

“c’est clair que c’est beaucoup plus cher. A commencer par le transport. Et puis il y a la quarantaine, les inscriptions et tout le reste. Il faut savoir qu’ici tout coute quatre fois plus cher qu’en Europe. L’inscription pour une épreuve c’est 750 dollars. Mais bon, tout ça je le savais avant et ce n’est pas ce à quoi je pense en venant ici. Je suis venu ici pour prendre du plaisir avec les chevaux et avec ma famille.”

Du plaisir, avec les chevaux le cavalier belge en a pris lors de sa première semaine californienne. Gregory Wathelet s’est offert une vraie cure de victoires à Thermal.

“C’est vrai que tous les chevaux ont été compétitifs d’entrée. C’est Berline qui a ouvert la série , Berline du Maillet Z a remporté deux épreuves dont une 1m50 et ensuite c’est le produit de notre élevage maison, Argentina de la Marchette qui s’est imposée sur la même hauteur. La 4ème victoire est venue d’Ace of Hearts. Je pense que j’aurais pu décrocher une 5ème victoire avec Clarity dans le Grand Prix, mais malheureusement je fais une faute sur le dernier obstacle au barrage. Pour une première semaine c’est plus que bien. Certains diront que je suis tout seul ici, qu’il n’y a pas de concurrence et que je suis en sur-classement. Ce n’est pas vrai. Certes le niveau est moins élevé qu’à Wellington par exemple, Mais les épreuves sont là, il faut d’abord faire des sans-faute pour pouvoir être classé et éventuellement gagner. Rien n’est couru d’avance. Quand on regarde le podium du Grand Prix, devant moi il y a Conor Swail et Cassio Rivetti, ce n’est pas n’importe qui non plus. Maintenant, c’est très bien d’avoir commencé comme ça mais il ne faut pas croire que ce sera toutes les semaines comme ça. “ Déclare un Grégory Wathelet qui, fidèle à lui-même, garde bien les pieds sur terre.

 Si les chevaux ont trouvé leur rythme, Grégory a lui aussi trouvé le sien, loin de l’Europe.

 “C’est clair que c’est différent. À commencer par le concours. Par exemple, contrairement aux autres tournées ici la plupart des épreuves sont nationales et non FEI. Par exemple l’épreuve à 30000 dollars que je remporte avec Ace of Hearts, c’était une épreuve nationale et tout le monde a le droit de s’inscrire dans ces épreuves. Dans le paddock avant le parcours tout le monde n’utilise pas les deux ou trois même obstacles, chaque cavalier a le sien. Plein de petite différence auxquelles il faut s’habituer, mais auxquelles on se fait très vite. Mais ce qui m’a tout de suite plu ici c’est le rythme des journées. On se lève tôt, les épreuves commencent vers 9 -10h et jusque-là je peux me consacrer à régler mes affaires en Europe, les clients, l’écurie, etc. Et comme on est vraiment en décalage avec l’Europe (9 heures) ma journée commence ici quand celle en Europe se termine. Autrement dit à partir de 8-9h du matin, j’ai une paix royale et je peux me consacrer uniquement à ce que je dois faire ici. Ce qui n’arrive jamais en Europe où je dois composer entre ma journée et tout ce qui vient interférer autour. C’est très plaisant pour moi.  Ensuite les épreuves se terminent tôt ici, à 16h tout le monde est chez soi. Les gens dinent à 18h. J’étais un peu surpris au début, et puis je m’y suis vite habitué. Ça laisse pas mal de temps pour passer des soirées relax. Et ici pas trop question de s’attarder boire un verre au bar, c’est très très calme de ce point de vue. (ndlr on est très loin du Sunshine Tour). Je saute encore une deuxième semaine ici et puis nous nous déplaçons vers Del Mar (ndlr : la place qui accueille une manche de la Coupe du monde). Là ils annoncent un concours un peu plus ”lifestyle” avec plus d’animations, des concerts,…Et on sera plus proche de San Diego. Mais avant ça, ma famille va bientôt me rejoindre ici et je compte bien profiter de l’endroit avec elle. Il y a un zoo où j’aimerais peut-être emmener mon fils et puis on est à 5 minutes de Coachella qui accueille le fameux festival de musique et d’art. Ce n’est pas maintenant, mais il y a toujours des animations m’a ton dit. Il y a aussi la ville de Palm Springs pas très loin et puis pourquoi pas aller découvrir le désert en buggy. J’entends bien profiter aussi de tout ça.

 Si cette parenthèse californienne semble convenir à merveille à Grégory Wathelet, pour l’instant ce n’est qu’une parenthèse.

“Je ne suis pas venu ici dans l’optique de m’installer ici un jour même à temps partiel. Ce n’est pas du tout dans mes plans pour le moment. Je ne suis pas venu non plus pour faire du commerce et vendre les chevaux qui m’accompagnent. Mais bien entendu, on fait des contacts et c’est toujours intéressant à tous points de vue. Mais vous dire que je reviendrai l’année prochaine, ça je vous en dirai plus au début du mois de mars à l’issue de cette tournée.” Nous glisse Grégory Wathelet avant de prendre le volant de sa voiture de location en direction de Palm Springs et ses longues avenues bordées de palmiers.