Julien Epaillard à fond d’Bâle !

Publié par Sébastien Boulanger le 06/04/2025

Dans une finale haletante, Julien Epaillard et Donatello d’Auge ont écrit l’histoire ce dimanche en remportant la finale de la Coupe du monde de Bâle. Le duo tricolore devient ainsi le deuxième couple français à inscrire son nom au palmarès de ce prestigieux championnat (jusque là, seul Bruno Broucqsault avait réalisé cette performance, c’était en 2004 avec Dilème de Cèphe).

Le Normand, réputé pour sa vitesse fulgurante et sa précision, a une fois de plus prouvé qu’il était l’un des meilleurs cavaliers du monde. Sa performance avec Donatello d’Auge leur permet de devancer Ben Maher, en selle sur Point Break et Kevin Staut avec Visconti du Telman.

Podium Basel
(© FEI/Benjamin Clark)

Un scénario à suspense jusqu’à la dernière seconde


On a craint un temps pour cette ultime journée à la St jakobshalle un loupé du chef de piste en première manche. Il faut dire que les sans faute s’enchainaient (10 sur 24 cavaliers au final). Mais force est de constater que les favoris (en tout cas ceux qui le restaient après les deux première journées) étaient quasi tous toujours en lice avant l’ultime confrontation. Dès cette première manche, Julien Epaillard avait donné le ton : un sans-faute de grande classe qui plaçait le couple en tête du classement provisoire. Mais la deuxième manche n’allait, elle, pas se révéler de tout repos.

(© FEI/Benjamin Clark)

Sur un parcours particulièrement technique conçu par Gérard Lachat, jalonné de combinaisons délicates et d’un oxer final redouté, les fautes se sont enchaînées pour les cadors. D’autres, par contre, ont poursuivi leur remontée. À l’instar de Daniel Coyle. L’Irlandais qui montait Incredible (Clinton x Heartbreaker) et qui n’est sanctionné que de deux points de temps au terme des deux manches finales.

Pour d’autre cela se passait moins bien. Le tracé de cette ultime manche s’est révélé technique et sélectif, à l’image de l’oxer 9 ou du double numéro 11, véritables juges de paix. Des cavaliers comme Martin Fuchs, Max Kühner ou encore Édouard Schmitz ont vu là leurs chances s’évaporer. Henrik von Eckermann, double tenant du titre, voit son rêve de triplé s’envoler en fautant lui aussi sur l’oxer 9 avec Iliana. Lillie Keenan, jusque-là impressionnante avec Kick On (Warrior x Caretino Glory), craque en fin de parcours. Trois fautes anéantissent les espoirs de podium de la New-yorkaise qui finit à la 9ème place…

Mention spéciale au couple allemand Sophie Hinners – Iron Dames My Prins (Zilverstar T x Winningmood), auteur d’un magnifique sans-faute, ainsi qu’à Richard Vogel, impressionnant de fluidité avec United Touch S (Untouched x Lux Z), dans ce qui fut sans doute l’un de ses plus beaux parcours du week-end. Au final, l’amazone et le cavalier (en couple dans la vie) terminent respectivement 5ème et 6ème.

La victoire allait se jouer avec Staut. Le Français qui sur Visconti du Telman (Toulon x Dollar du Murier) offrait une prestation de premier ordre mais butait, lui aussi, sur l’oxer 9. Assez toutefois pour rester leader provisoire surtout après le raté de Lillie Keennan. Staut avait alors le podium assuré.

Mais Ben Maher aussi comptait bien s’emparer de la tête du classement. Ce qu’il fit prestement et ce, malgré une faute aussi avec Point Break (Action-Breaker x Balou du Rouet). Le Britannique égalait le score de Staut mais prenait la tête en mettant du coup la pression sur Julien Epaillard qui pouvait alors, compte tenu de son avance, se permettre une faute…mais pas deux. Pourtant lors de son ultime parcours, à deux reprises l’autre cavalier normand va toucher du bois pour finalement faire tomber une barre à l’entrée du double 11. Mais ce sera la seule…Le français pouvait alors laisser éclater sa joie.

« Je ne pense pas que mon coeur serait capable de tenir face à une telle pression chaque semaine. » déclarait Julien Épaillard à l’issue de sa victoire. « Avec l’expérience malgré tout, ce type de pression on finit par l’aimer. Cette semaine, pour moi cette pression s’est révélée positive et j’ai pleinement apprécié cette semaine à Bâle. Donatello a très bien sauté toute la semaine Je pense qu’il a apprécié le sol qui était très agréable ici. De plus, j’ai essayé d’avoir un bon plan pour cette finale. Je voulais arriver ici avec mon cheval en pleine forme. Cela ne marche pas toujours, mais cette fois-ci, je pense que c’était le cas. Aujourd’hui, Donatello était un peu fatigué, comme tous les chevaux je pense, car c’est une longue semaine avec de grandes épreuves. Cependant, je le connais bien, il essaie toujours de m’aider. Il a l’expérience et la technique, et il peut sauter facilement sans trop d’effort et cela m’a aidé. » conclut le champion français.

La deuxième place avait tout de même un petit goût amer pour le cavalier britannique. « C’est toujours difficile de passer si près du but et de ne pas gagner, mais félicitations à Julien.
Quand il gagne le premier jour et qu’il garde la tête tout du long … Il est difficile de le dépasser, quel que soit le jour! J’ai commis une erreur de cavalier vendredi, je n’ai pas assez bien travaillé et j’ai fait une faute. Aujourd’hui mon cheval s’est senti un peu fatigué dans le dernier tour, mais il m’a tout donné. C’était une touche très légère, mais ce n’était pas suffisant aujourd’hui. Je suis très fier de mon cheval. La semaine a été difficile sur le plan physique et je suis très heureux du résultat.
 » conclut Ben Maher.

(© FEI/Liz Gregg)

Sur la troisième marche, Kevin Staut offrait à la France un podium historique et concluait la semaine avec le sentiment du devoir accompli. Et ce pas seulement à titre personnel.
« Je suis tout simplement heureux. Pour moi, mais aussi pour le sport équestre en général. Nous devons remercier les organisateurs, les concepteurs de parcours et les sponsors qui rendent ce type de spectacle possible. Nous devons également féliciter tous les athlètes qui ont fait un travail remarquable tout au long de la semaine. Ce sport n’est pas seulement formidable, il est merveilleux lorsqu’il est pratiqué comme il l’a été cette semaine. Nous avons un merveilleux gagnant, et nous devons être fiers, tous autant que nous sommes, de ce qui a été produit cette semaine.« 

(© FEI/Benjamin Clark)

Katherine A. Dinan s’offre l’épreuve finale.

Si Julien Epaillard a remporté le classement général, c’est bien l’Américaine Katherine A. Dinan qui a signé la meilleure performance du jour en déroulant un superbe sans-faute avec sa fidèle Out of the Blue. Maîtrise, fluidité et précision : la cavalière de 30 ans a parfaitement négocié les difficultés du parcours, s’offrant ainsi une victoire de prestige dans cette ultime manche (Elle termine 8ème du général). Déjà très régulière sur le circuit indoor cet hiver, elle confirme ici qu’il faudra compter sur elle dans les années à venir.

Bâle, terre de confirmations et de révélations

Cette finale 2025 aura tenu toutes ses promesses : du grand sport, des émotions et des rebondissements jusqu’au bout. Le public suisse, venu en nombre, a vibré pour ses champions et salué la réussite de leurs concurrents.

(© FEI/Benjamin Clark)

Pour Julien Epaillard, cette victoire sonne comme une consécration. Il aura été impérial tout au long du championnat, ne laissant que les accessits à ses adversaires. Son choix de ne pas disputer le barrage de l’épreuve du deuxième jours peut-être discutable. Mais c’était un choix, semble t’il, payant qui a peut-être préservé Donatello comme il le fallait en vue des deux manches finales de dimanche.

(© FEI/Liz Gregg)

Le classement général de la Finale de Coupe du monde à Bâle ici

Le classement de la dernière épreuve de la Finale de Coupe du monde à Bâle ici

(photo cover et podium © FEI/Benjamin Clark)